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12. Le littoral nord-américain, côte de la démesure

Alors que Capado délaisse la côte nord-américaine en direction de l’archipel des Açores, revenons sur les deux derniers mois, riches en découvertes.

Le 17 juillet au matin, Capado passe sous le pont de Brooklyn. Après s’être ancré dans l'Hudson et d'être délogé peu après par la NYPD, nous allons dans une marina au pied de Manhattan.

J'ai pu contempler pour la première fois le gigantisme à l'américaine, la démesure. En résumé, tout est énorme!

Trois jours plus tard, nous traversons New-York sur l'East River en laissant passer dix-sept ponts au-dessus de nos têtes. Direction New Bedford, plus grand port de pêche du Massachusetts, distant de 160 milles nautiques. Nous passons ensuite deux semaines aux alentours de Cap Cod, zone où le requin blanc se fait particulièrement remarquer. Depuis Long Island jusqu'à la frontière avec le Canada, en passant par Newport, nous côtoyons ce paradis de la voile pour les millionnaires voire milliardaires. C'est en quelque sorte "Les voiles de Saint Tropez", où la plupart des voiliers en bois sont majestueux et rutilants. Nous avons presque l'impression d'avoir un voilier très piteux et délabré à côté...

Un couple de retraités rencontré à New York, nous a invité dans leur maison sur une île paradisiaque. Il faut s'imaginer une maison en forme de rotonde tout en bois avec un grand drapeau américain, surplombant un ponton privé et ses trois bateaux. Un autre monde ! Nous profitons de l'aide du grand-père pour installer, avec succès, le nouveau bout-dehors en carbone.

C'est avec la compagnie d'Axel de Franqueville, un ami travaillant à Montréal, que nous remontons vers Boston en empruntant le canal de Cap Cod, accompagné d'un courant de marée de 4 nœuds. Durant les trois semaines suivantes, deux éléments marquent notre remontée de la côte américaine. Les pulls sont de sortie voire les vestes de quart. De plus, une vigie s'est constamment installée pour éviter les innombrables casiers de homard. Dès que le fond est à moins de 80 mètres, cela s’apparente à un champ de mine …

Arrivés à Boston, nous échangeons d'équipier. Niels, un ami franco-Suisse de Melchior vivant à Singapour prend la place d’Axel. Il reste avec nous pour une dizaine de jours. Nous remontons alors la côte du Maine, bordée de centaines d'îles qui nous gratifient de mouillages tout aussi singuliers que majestueux. Il faut s'imaginer une côte rocheuse et surplombée d’abondantes forêts de conifères.

Cependant, un gros bémol perdure : la densité des casiers qui a encore redoublé. Les bouées des casiers sont distantes de moins de 50m. Le quota de 800 casiers par pêcheur en est l'explication. Nous obtenons ainsi des homards tous frais à prix dérisoire. On est bien loin du homard servi au restaurant parisien !

Ainsi, nous sommes passés successivement dans la baie de Salem, aux Star Islands à Portland, Boothbay Harbor, Muscongus Bay Lobster, Matinicus Island, Frenchboro et enfin à Bar Harbor. Nous y laissons Niels. Bar Harbor est situé sur une grande île montagneuse qui a été colonisée par la France. Elle abrite le parc national d'Acadia

Nous repartons, Melchior et moi, sur le mouillage voisin de Winter Harbour abritant un petit yacht club assez isolé. Ce lieu abrite 7 exemplaires uniques de knockabout, sorte de sloop en bois. Il n'y en a seulement que 11 unités dans le monde !

A la suite de nôtre première journée passée sous la pluie battante, nous perçons l'épais brouillard. Direction le Canada. Après 12 heures de navigation, nous dépassons le point sud-ouest de la Nouvelle Écosse, saisis par le froid. La température de l'eau est de 11 degrés, sacré choc !

Nous mouillons dans la baie de Port Mouton, procédons aux formalités douanières par téléphone. En repartant, la douane nous intercepte, alertée par le pavillon jaune. Après une heure et demie, nous repartons définitivement.

Cap vers Lunenburg ! C’est une vieille et typique ville de pêcheurs, très colorée et marquée par le repeuplement protestant lié à l'arrivée des Anglais, chassant la présence française catholique. Départ le lendemain pour Halifax. Le vent nous contraint à mettre l'ancre dans un dédale d'îles paradisiaques. Nous nous faufilons souvent à 10 mètres du bord. Il y a heureusement près de 15 mètres de fond. L'eau est redevenue chaude de manière incroyable. Arrivée enfin à Halifax, capitale de la Nouvelle-Écosse.

Nous récupérons deux nouveaux équipiers, Pierre et Edouard. Le 27 août, l’équipage fait route vers l’archipel de Saint Pierre-et-Miquelon avec un œil sur la météo des 2 prochaines semaines. Arrivée sur l’île de Saint-Pierre, c'est presque un soulagement d'être en France. Mais les fichiers météo annoncent un ouragan dénommé Danielle puis un cyclone Earl. Je décide logiquement de décaler notre départ, sans date précise.

Néanmoins nous saisissons l'opportunité pour découvrir Miquelon puis la côte sud-ouest de Terre-Neuve.

Baleine, dauphins, globicéphales, thons, et fjords grandioses : quel décor ! L'impression qui nous étreint est de découvrir un territoire vierge de toute vie humaine. Retour en Nouvelle-Écosse à Sydney, pour déposer nos deux malheureux équipiers dont l'emploi du temps ne permettait pas un report de date. Nous sommes rentrés dans le lac Bras d’Or pour une halte de 5 jours dans la marina de Baddeck. Ce lac dans les terres est une prolongation de l'océan, relié à ce dernier par deux canaux. Il offre un cadre idyllique pour la plaisance. L’endroit nous calme par ses paysages impressionnants et sa tranquillité.

Ça y est nous voici le 12 septembre, une fenêtre météo semble se dégager pour notre transatlantique retour. Nous partons avec Victor, qui avait déjà navigué sur Capado en Guadeloupe. Cap plein est !




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