9. Liberté martiniquaise, choix de nos possibles
- Nicolas
- Jan 26, 2022
- 3 min read
"Qu'est ce que vous allez faire maintenant pendant vos trois semaines d'escale en Martinique?"
Question immédiate de mes proches à mon arrivée, qui m'a fait réfléchir sur notre liberté. Depuis le départ, c'était limpide pour nous : être libre, c'est définir un cadre précis en termes de navigations et escales dans lequel on peut vivre notre aventure à fond, tout en respectant le timing des dix mois prévus sur ce tour de l'Atlantique. Pour résoudre cette équation, nos deux premiers jalons semblaient clairs : franchir le golfe de Gascogne début février et partir en Transat depuis le Cap-Vert avant fin mars pour bénéficier d'alizés bien établis. Sur Capado, on préfère plus les segments d'un point À à un point B que les courbes ou droites. Cela ne nous a pas empêché de profiter pour autant de nos escales sur terre. Mais nous n'étions jamais restés plus de six jours, au même endroit. Alors du choix de nos contraintes, nous sommes passés à la sélection de nos possibles martiniquais, devant le temps privilégié qui nous est offert.

La première semaine, l'équipe est restée au port du Marin, pour enfin se ressourcer, et se laisser des temps de respiration individuels. Sur terre, chacun a besoin de s'isoler pour bénéficier d'un temps à soi. Melchior passait son niveau 1 de plongée. Bricolage sur le bateau pour Pierre, amoindri par une vilaine entorse. J'ai pu découvrir quelques randonnées autour du Marin.
Après cette semaine de repos, Capado est parti, le 1 er mai, pour son tour de la Martinique. A son bord : Pierre et moi. Melchior qui passait son deuxième niveau de plongée, nous rejoignait pour nos visites sur terre et sur certains mouillages.
Au programme des premiers jours dans la pointe sud de l'île : le charmant village de Sainte-Anne, la magnifique plage des Salines et la bien-nommée savane des pétrifications que nous recommandons pour les randonnées. Capado a ensuite fait route au Nord pour Fort-de-France. Nous avons pu découvrir le marché couvert pour goûter les produits locaux et recettes créoles. Ensuite, Capado a fait route vers Saint-Pierre, ville rasée par la terrible éruption de la Montagne Pelée en 1912. Depuis ce mouillage, nous avions une vue de rêve sur le volcan.

La distillerie Depaz a accueilli ensuite la visite de l'équipage. Notre skipper était aux anges dans le paradis du rhum. Continuant sur notre lancée, Saint James, la deuxième distillerie y est passée également, mais toujours avec modération. L'Anse Couleuvre était également un très bon souvenir de mouillage. A partir de cette anse, nos randonneurs de l'extrême, ont emprunté le sentier qui mène à la cascade des Trois Bras. Les derniers hectomètres sont assez sportifs. Des cordes à nœuds permettent de se hisser sur les versants de la rivière et d'accéder aux cascades tant attendues.

Après avoir franchi Grand'Riviere et la pointe Nord de l'île, nous accédons à la côte atlantique. La navigation s'avère plus technique avec beaucoup de bandes de coraux et de filets à éviter. Nostalgiques de notre péripétie au large du Portugal, nous avons d'ailleurs enfourché un casier, de nuit, avant d'arriver au mouillage de la Trinité. La plongée a été nécessaire pour sectionner les bouts. Le mouillage devant la plage des Raisiniers valait bien ce casier, le cadre était encore une fois idyllique. Après un dernier mouillage devant le François, nous sommes retournés au port du Marin.
Le tour de la Martinique est ainsi bouclé le 12 mai. Inconsciemment et doucement, nous évoluons sur notre vision de la liberté. Partis dans le but précis de réaliser le tour de l'ile, nous avons pourtant planifié nos visites et mouillages le jour pour le lendemain, selon nos envies. Être libre, ce n'est peut-être pas le cadre initial, déterminé par nos contraintes. Il s'agirait plus d'un cercle, certes clos, mais qui peut s'agrandir grâce à nos choix. L'Appel du Large arrondit, petit à petit, les angles sur sa définition de la liberté.
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